La culture du Vietnam – infos pratiques pour voyager au Vietnam

A travers leur histoire millénaire, les vietnamiens ont travaillé avec assiduité et combattu courageusement pour édifier et protéger le pays. De cette histoire héroïque est née une tradition de solidarité et une culture riche d’identités nationales. C’est cette tradition et cette culture qui ont donné au peuple vietnamien la force pour surmonter toutes les épreuves, vaincre les agresseurs étrangers, protéger leur patrie et réussir dans l’œuvre de renouveau.

Mais à l’heure de la mondialisation, le risque d’homogénéité culturelle est grand. Les vietnamiens en ont pris pleinement conscience et ont fortement adhéré au concept de la diversité culturelle.

De concert avec les efforts nationaux, Voyagesviet Travel souhaite vous faire découvrir certains aspects de cette Culture dont nous sommes fiers.

L’ENTERREMENT CHEZ LES VIETNAMIENS

Les vietnamiens croient à l’existence d’un monde de l’au-delà. Les morts ne font que quitter le monde terrestre pour rejoindre un autre monde. Ainsi, les amoureux qui ne peuvent se marier pour une raison ou pour une autre se donnent souvent rendez-vous dans une autre vie, au monde des sources d’or.
Cette conception de la vie et de la mort a des conséquences considérables sur la manière dont on organise l’enterrement.

Dès le décès constaté, un coupon d’étoffe noué en forme de mannequin est placé sur le corps. Ce coupon d’étoffe est destiné à recevoir l’âme du défunt et au culte pendant trois ans. Puis on introduit dans la bouche du défunt une poignée de riz et trois sapèques qui devraient permettre à l’âme du défunt de payer les frais de route au cours de son voyage vers l’au – delà. Le corps lavé, richement habillé et enveloppé dans un linceul est mis en bière à une heure faste. Le cercueil est installé sur deux chevalets, dans la salle centrale de la maison à proximité d’un autel. Sur le cercueil, on place un bol de riz et un œuf bouilli. Pendant une journée, les parents, amis du défunt et de la famille viennent le dire adieu, en brûlant en son hommage un bâton d’encens. Un bronze est venu assister l’agonisant. Il officie au moment du décès, au moment du convoi funèbre et quand le cercueil est mis en terre.

Le convoi funèbre varie suivant l’importance de la famille et engloutissait autrefois des sommes considérables. Très schématiquement, il se décomposait ainsi, de la tête à la queue:

1. Une inscription transversale flanquée de lanternes (drapeau multi couleur), portant le nom et l’âge du défunt;
2. Un panneau rectangulaire (en soie ou en papier) indiquant l’état civil du défunt;
3. La maison de l’esprit qui sera brûlée pendant l’inhumation;
4. Le bateau qui conduit l’âme au mont Meru;
5. Le char de l’âme, portant le coupon d’étoffe habité par l’âme;
6. Le cercueil et la tablette funéraire sont recouverts d’une maison de papier richement décorée et brûlée ensuite pour servir au défunt.

Les filles et les brus marchent sous le catafalque après le fils aîné. Si le défunt est une femme, son fils aimé marche devant le catafalque, à reculons.
Derrière viennent les autres fils du défunt, le corps courbé, appuyé sur un bâton de bambou dont la partie supérieure est ronde comme le ciel et la partie inférieure est carrée comme le terre. Dernière les fils sont placés les gendres et le reste de la famille sous un dais de coton blanc, cols de trois cotés qui ferme le cortège. C’est là que se trouvent, à l’exclusion des hommes, les petites filles, sœurs, nièces et parentes éloignées.

Le vêtement de grand deuil se compose d’une tunique de chanvre grossier, ou de fibres de bananier sans couture ni ourlet, d’une robe et d’un pantalon de coton blanc dont les fils, les filles et les brus doivent découdre les ourlets pour le deuil d’une mère ou belle-mère. Les cheveux sont dénoués et flottent dans le dos; le front est ceint d’une couronne de corde grossière pour les hommes ou d’une sorte de capuchon de coton pour les femmes.

La fosse a été creusée d’avance d’après les lois de la géomancie pour que le sort soit favorable à la famille du défunt. Dans le passé, ces fosses furent souvent creusées dans les rizières dont le défunt est propriétaire. Le cercueil y est descendu et son orientation bénéfique vérifiée au moyen de la boussole géomagnétique. On apporte ensuite la tablette funéraire. Un lettré de renom complète par un ultime coup de pinceau le dernier caractère de l’inscription et c’est à ce moment précis que l’âme du mort va habiter la tablette qui sera ramenée à la maison et déposée sur un autel dressé à côté de celui des ancêtres.

Toute la cérémonie est animée par les sons de trompettes et de tambours.
L’exhumation et la transplantation du corps dans une autre sépulture a lieu trois ou quatre ans plus tard. Elle se fait dans un cercueil de terre cuite sans couvercle où les ossements sont recouverts par du papier rouge. C’est dans ce cercueil que le défunt se repose éternellement. Le cérémonial est beaucoup plus simple que celui de l’enterrement initial.

 LA FAMILLE VIETNAMIENNE

La famille vietnamienne est du type patriarcal. Son organisation a été définie par le code Hong-Duc des le postérieurs, au XVIème siècle.

Le clan est composé d’un certain nombre de familles descendant d’un ancêtre commun. Elle ne dépasse pas neuf générations. Le clan se divise en branches et en sous-branches. Les alliés ne font pas partie du clan. Il ne comprend que les branches directes et collatérales males, c’est à dire agnates. Il a une propriété commune, le temple des ancêtres, situé dans la maison du chef de parenté du clan.

En principe le chef du clan est le chef de la branche aînée. Mais s’il meurt prématurément, il est remplacé, soit par son fils aîné, soit par le chef de la branche collatérale la plus proche. Si ce descendant est mineur, il est aidé dans sa tache par le male qui par son age, son rang social, son degré de parenté et sa personnalité, est l’homme le plus considérable du clan. A la tête de chaque famille du clan, il y a un chef de foyer.

Le chef du clan est chargé de tenir à jour une sorte d’arbre généalogique où sont inscrits par ordre de filiation le nom de chacun des membres défunts du clan, le nom de sa ou ses femmes qui lui ont donné des garçons, ses dates de naissance et de mort, son lieu de sépulture et ses titres et services remarquables.

On conçoit que dans une paysannerie mal structurée administrativement, à certaines époques troublées sans ordre public et sans gouvernement bien définis, l’individu ait trouvé sa sauvegarde dans la famille. Au Vietnam, comme en Chine, la piété familiale a donc été considérée comme la vertu de base, le ciment obligé d’une communauté consanguine dont tous les membres vivants ou morts sont solidaires pour les châtiments comme pour les récompenses. Tout individu doit donc faire des efforts, toute sa vie, pour augmenter la réputation et le prestige de son clan. Dans leconfucianisme, manquer à la piété filiale était considéré comme l’un des six crimes atroces.

Les conditions socio-économiques de nos jours ont plus ou moins changé la donne. L’individualisme et le mode de vie plus industrialisé ont concouru à affaiblir les liens familiaux. Mais il ne reste pas moins que pour chaque vietnamien, la famille (la grande famille) a toujours quelque chose de très attachant. C’est pourquoi l’on voit souvent au Vietnam des familles à trois, voire à quatre générations. Pour les jeunes, vivre avec ses parents une fois qu’on est marié n’est pas encore quelque chose à éviter.

LE MARIAGE DES VIETNAMIENS

Nous n’abordons pas ici le mariage “civil”, dont les formalités légales sont accomplies devant les comités populaires de commune et, pour les mariages mixtes, devant les comités populaires de province.

Le mariage évoqué dans ce chapitre est le mariage traditionnel et rituel.

Jusqu’à une époque récente le mariage avait pour but principal de perpétuer le nom du clan, sa souche et son culte ancestral. Il devait donc être aussi précoce et aussi prolifique que possible et la naissance d’un enfant est toujours une heureuse nouvelle. Le bonheur familial se mesurait en effet par le nombre d’enfants qu’on avait.

Les pourparlers entre les familles qui désirent s’allier sont presque toujours confiés à des entremetteurs. S’ils prennent bonne tournure, on échange les huit cycliques indiquant l’heure, le jour, le mois et l’année de la naissance du jeune homme et de la jeune fille. Si l’examen horoscopique n’était pas défavorable, c’est que le sort du futur couple était bien d’être mari et femme. On accomplissait alors trois rites essentiels : la demande en mariage, les fiançailles et la célébration du mariage.

Pour la demande en mariage, la famille du futur époux envoie une petite délégation (composée de l’un des parents et de quelques membres du clan) qui se rend visite à la famille de la fiancée. Cette rencontre entre les deux familles est l’occasion de se faire connaître, de vérifier le consentement de chacune et de mettre au point les modalités des deux rites suivants.

Pour les fiançailles, une autre délégation de la famille du fiancé est envoyée à la famille de la fiancée, apportant des offrandes destinées au culte des ancêtres de cette dernière. On considère en effet qu’il est indispensable de requérir non seulement le consentement des parents de la fiancée, mais également celui de ces ancêtres défunts. Les offrandes varient d’une région à l’autre, mais doivent comporter obligatoirement quelques chiques de bétel, des noix d’arec, un peu d’alcool de riz et des bâtons d’encens.

Le mariage est une double cérémonie privée : devant l’autel des ancêtres de la famille de la fiancée et devant ses parents, puis devant l’autel des ancêtres de la famille du fiancé et devant ses parents. Le lendemain du mariage a lieu la « visite du deuxième jour » (Lễ lại mặt) chez les parents de la mariée, visite qui constitue une occasion pour le marié de rendre hommage à ceux qui ont donné naissance à son épouse.

De nos jours, l’union libre devient le mot d’ordre des jeunes et le libre consentement une condition du mariage imposée par le législateur. Mais la famille joue toujours un rôle prépondérant dans le mariage. Les rites traditionnels et familiaux décrits ci-dessus continuent en effet d’être les principales étapes d’un mariage socialement correct, et le divorce, bien qu’il soit plus fréquent, ne peut avoir lieu si la grande famille s’y opposent. La structure familiale voulue et établie à travers des siècles par le confucianisme ne peut pas disparaître, malgré le modernisme et l’individualisme croissant, du jour au lendemain.

LÉGENDES VIETNAMIENNES

La perle :

Grâce à l’arc magique offert par un génie, le roi An Dương Vương arriva à défaire l’armée chinoise. Ne pouvant lutter à armes égales avec ce dernier, le général chinois Triệu Ðà dut faire la paix et dépêcha son fils Trọng Thủy à la cour de Âu-Lạc en gage de bonnes relations entre les deux pays.

Trọng Thủy arriva à conquérir le coeur de la fille du roi An Dương Vương et devint ainsi le conseiller intime du roi. Malgré l’affection et l’amour qu’il portait à sa femme Mỵ Châu , il ne perdait pas de vue la mission dont l’avait investi son père: neutraliser l’arme magique qui permettait d’assurer la suprématie du roi An Dương Vương. Cet engin miraculeux était bien gardé dans un endroit connu seulement par le roi et sa fille. Celle-ci, après maintes demandes insistantes de Trọng Thủy, lui montra cette arme magique dont la gâchette était constituée par une griffe de la Tortue d’Or. Profitant d’un moment d’inattention de la princesse, Trọng Thủy réussit à décrocher la griffe de la Tortue d’Or et à la remplacer par une imitation similaire. Puis, peu de temps après, il prétexta la mauvaise santé de son père et demanda au roi de lui permettreAvant son départ, il demanda à sa femme “Comment nous retrouver en cas de séparation brusquée?”. “Tu peux me repérer facilement car en cas d’urgence, je jetterai sur mon passage, les duvets blancs de mon manteau, lui répondit-elle.

Ayant convaincu que l’arme magique ne possédait plus les vertus dévastatrices, le général chinois se lança à l’attaque du royaume Âu-Lac. Toujours confiant en la puissance de son arc magique, le roi An Dương Vương alla chercher son arme pour détruire les ennemis. Ayant constaté que l’arme était détraquée, le roi prit la fuite en sautant sur son cheval et en emmenant sa fille en croupe en direction de la mer. Arrivé près du rivage, il s’écria “Génie de la Tortue d’Or, venez à mon secours”. Celui-ci apparut aussitôt et pointa son index vers le roi en disant ” L’ennemi est derrière vous, sur la croupe du cheval”.

Le roi se retourna, vit sa fille avec la traînée de plumes blanches semées sur la route qu’il avait suivie. Furieux, il sortit son épée, tua Mỵ Châu et suivit le génie de la Tortue d’Or dans la mer. Guidé par les plumes d’oie, Trọng-Thủy vit le corps de sa femme morte sur la plage. Le sang qui s’en échappait fut ingurgité par des huîtres et se transforma en des perles. Désespéré Trọng-Thủy ramena le corps de sa femme à Cổ-Loa et se suicida en se jetant dans un puits près de la tombe de Mỵ-Châu. de rentrer dans son pays.

La chique de bétel :

Jadis, sous le règne du roi Hùng Vương IV, vivaient deux frères jumeaux, Cao Tân et Cao Lang, qui se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Ils suivaient les cours d’un vieux maître du village qui avait une fille unique dont la beauté recueillait tous les hommages de tous les jeunes de la région.

Le vieux maître se prit d’affection pour les deux. Il désirait accorder la main de sa fille à l’un d’eux, de préférence l’aîné car selon la coutume vietnamienne, l’aîné se mariait le premier. Pour arriver à les distinguer, il eut recours à un petit subterfuge en les invitant à dîner chez lui. Le premier à prendre les baguettes serait l’aîné.

Ce fut ainsi que Cao Tân reçut la main de sa fille sans se douter que son cadet vouait à cette dernière un ardent amour. Ils continuaient à vivre ensemble dans une harmonie complète et connaissaient un bonheur sans faille. Cao Tân n’en continuait pas moins à aimer son cadet comme avant et faisait tout pour rendre ce dernier plus heureux. Mais celui-ci, malgré cela, n’arriva pas à refouler les peines de son cœur. Il décida de les quitter et s’adonna à l’aventure. Après tant de jours de marche, il finit par tomber d’épuisement sur la route et fut transformé en un bloc de calcaire d’un blanc immaculé.

L’aîné, pris d’une inquiétude grandissante pour son frère partit à sa recherche. Il suivit le même chemin pris par son cadet. Un beau matin, après tant de jours de marche, il arriva près du bloc calcaire, s’y assit et succomba d’animation. Il fut métamorphosé en un bel arbre haut avec des palmes vertes et des petits fruits oblongs. L’arbre commença à étendre sa ramure et son ombre au dessus de l’amas calcaire comme pour le protéger des intempéries.

Restée sans nouvelles de son mari, la jeune femme, quitta à son tour, la maison et se mit en quête de son époux. Elle parcourut des champs et des prairies, traversa des villages et arriva enfin un jour tout près de l’arbre. Fatiguée par la marche, elle s’adossa au pied de l’arbre, mourut à son tour et fut changée en une plante dont les lianes s’enroulèrent autour du tronc de l’arbre avec de larges feuilles d’un vert intense en forme de cœur.

C’est l’une des coutumes vietnamiennes qu’il faut respecter lors de la fête de mariage. Il y a toujours du bétel, des noix d’arec et des feuilles d’un vert intense en forme cœur qui font partie des cadeaux de mariage et qui symbolisent l’union éternelle.

LES MARIONNETTES SUR L’EAU

Les marionnettes sur l’eau constituent un art populaire très répandu dans le delta du Fleuve Rouge. Né au 12ème siècle, ce théâtre fit partie sans doute, à l’origine, des rites d’invocation de la pluie chez les cultivateurs de riz en terrain inondé, avant de devenir un divertissement populaire. Il est généralement joué à l’occasion du Têt dans les mares situées devant les maisons communales, rassemblant les spectateurs de tout âge du village.

La scène est une étendue d’eau derrière laquelle se trouve la chambre des montreurs. C’est à partir d’ici que les marionnettistes, à moitié plongés dans l’eau et cachés derrière un rideau de bambou, manipulent les comédiens en poupées par un mécanisme fait de perches, de tiges, de gaines et de charnières.

Un spectacle de marionnettes sur l’eau est animé par plusieurs « personnages ». Chacun de ces personnages (la marionnette) est un véritable oeuvre de sculpture populaire, différent des autres et revêtu d’un caractère propre. Le personnage le plus représentatif de cet art scénique est le petit TEU au corps arrondi et au sourire optimiste.

Et voici le déroulement d’un spectacle traditionnel décrit par le vietnamologue Huu Ngoc :

Le spectacle s’ouvre sous l’explosion des pétards, créant une atmosphère de fête extrêmement joueuse et incitante.

La représentation est annoncée par plusieurs roulements de tam-tams et le jeu d’un orchestre constitué en majorité d’instruments à percussion pour mieux rythmer les gestes des poupées. Dans le bruit des tambours, des crécelles, des cors en corne de buffle, des castagnettes de bambou, surgissent de l’eau comme par entassement, des oriflammes qui forment deux rangées délimitant la scène à droite et à gauche.

Les personnages entrent en scène et sortent de scène à travers le store de bambou, glissant gracieusement sur l’eau. Un double choeur, masculin et féminin, échange questions et réponses en guise de commentaire. Le véritable meneur de jeu est la marionnette Teu, solide gars de la campagne. Il présente le programme et raconte les affaires du village. Buffon, il critique les autres personnages, les tourne en ridicule, prodigue des conseils, provoque le rire. Optimiste est sensé, il se permet de décocher des flèches à la hiérarchie féodale.

Plusieurs numéros enchantent l’imagination populaire: danse des fées au son des flûtes, évolution des dragons crachant des trombes d’eau et de feu, ébats des phénix amoureux. Mais ce sont les scènes de la vie quotidienne qui font le charme d’un art scénique paysan: combat de buffles; la pêche (les poissons sautent hors du filet et renversent la barque où se trouvent l’homme et sa femme); la jeune mère qui s’arrête de tisser pour donner le sein à son nourrisson qu’elle endort ensuite par une berceuse nostalgique; le renard qui grimpe sur un arbre pour attraper un oiseau ou qui vole un caneton à un vieux couple ; le mandarin qui saute du palanquin pour enfourcher un cheval…Le répertoire comporte aussi des scènes tirées de l’opéra populaire chèo, de l’ancienne histoire du Vietnam et des classiques chinois ». C’est donc tout l’âme de la rizière vietnamienne qui s’exprime avec ses personnages, traditions, rituels, animaux familiers, dieux et génies divers.

Chaque numéro de marionnettes sur l’eau est un spectacle joyeux dans lequel humour et humanisme se mélangent. La vie pénible des rizières n’a jamais privé le paysan de sa joie de vivre ni de son sourire optimiste. C’est toujours ce sourire qu’on rencontre aujourd’hui, sur les chemins du Vietnam.

LA MUSIQUE VIETNAMIENNE

Jusqu’au 19e siècle, ce furent les chansons populaires parlant de la vie rurale, de l’amour et des rencontres dans les points d’eau du village et sous des banians, de la pitié, des paysages…Le chant fut tantôt gai tantôt plaintive, tantôt mélancolique. Gai car le peuple est par nature optimiste, plaintive car les autorités féodales furent parfois inhumaines et le peuple fut à plusieurs reprises meurtri par l’invasion étrangère et enfin mélancolique car c’est inscrit dans l’instinct de nous tous. Il faut également voir l’influence chinoise et indienne qui était très forte surtout en ce qui concerne les instruments de musique comme les différents types de cithares et les sujets notamment de la musique des nobles du pays. Pourtant, les facteurs extérieurs furent au fur et à mesure du temps vietnamisés et par un esprit de créativité du peuple, la production est sans limites!

Au 20e siècle, cette musique a commencé à adopter le mode occidental : opéra, jazz, pop, rock, rap, hip-hop, musique instrumentale, blue…Toutefois, la musique folklorique continue son rôle au sein de la population qui aime toujours préserver les valeurs traditionnelles. Pour tracer les grands courants typiques au Vietnam, il faut citer la musique de la Résistance (nhac do, ou musique rouge) née pendant les deux guerres du Vietnam au 20e siècle et appréciée largement encore aujourd’hui ; la musique jaune (nhac vang, musique très sentimentale même parfois dramatique) préférée par une partie de la population et la musique des jeunes (musique abordant essentiellement les sujets de l’amour et de la vie des jeunes).

La musique traditionnelle

Les huit instruments de musique classique sont : dan nguyet (la guitare-lune), đan tam (la guitare à trois cordes), dan ty ba (la guitare à quatre cordes), dan nhi (la guitare à deux cordes), trong boc (le petit tambourin), canh (le petit tympan de cuivre), senh tien (la castagnette à sapèque), sao truc (flûte de bambou). Mais en réalité, l’instrumentation musicale est beaucoup plus diverse. On peut la diviser ainsi :

-Idiophones par percussion : gong de pierre, pseudo mortier métallique avec pilon, cloche, gong métallique, tambour de bronze.

-Membranophones par percussion : tam-tam, tambour.

-Cordophones comprenant cordophones sans manche, cordophones à manches et aérophones.

-cordophones sans manche : cithare à cinq cordes de soie, cithare à vingt-cinq cordes de soie, cithare à seize corde de cuivre ou d’or, cithare à treize cordes, cithare à vingt-trois cordes, cithare à quarante-deux cordes de cuivre et l’arc sur boite ou monocorde.

– cordophones à manche : bicorde (đan nhi), tricorde (đan tam), monocorde à caisse de résonance trapézoïdale (doc huyen), flûte à huit trous (ong sao), hautbois à manche à six trous (cay ken) et dan bau (cithare monocorde).

– aérophones : flûte de treize ou dix neuf tuyaux (sanh ou vu), flûte à trente six tuyaux, flûte à languette (hoang), flûte à six trous dont un en arrière (tieu), flûte traversière à huit trous (quan), les sifflets en terre cuite.

Les catégories de chansons populaires du Nord sont variées : le Hat Quan ho (Bac Ninh), le hat vi, le hat dum (Hung Yen), le hat Gheo, , le hat dam, le Trong quan (ce sont différentes sortes de chants alternés), le Co La (chanson rythmée) …

Le centre est connu particulièrement pour ses ho, un autre type de chants aternésné d’un travail collectif dur et consistant par un rythme défatiguant à donner de l’énergie aux chanteurs-travailleurs. Ho se divise en ho cạn (au sec) et ho nuoc (sur l’eau). Le ho nuoc comprend ho roi ben (en quittant l’embarcadère), ho cap ben (en accostant), ho mac can (en s’échouant sur un ban de sable), ho mai nhi (en se répondant entre deux bateliers d’une même barque), ho mai day (en s’adresant aux autres), ho cheo thuyen (en ramant), hat do dua (chant des sampaniers) .

Ho can se disise en ho keo go (en retirant le bois), ho det vai (en tissant), ho xay lua (en décortiquant du riz), ho gia gao (en pilant du riz), ho tat nuoc (en puisant de l’eau), ho cay lua (en repiquant le riz).

Hue a Ca Hue (mode particulier de Hue) et la musique royale classée le 7 novembre 2003 par UNESCO patrimoine immatériel de l’Humanité.

Au Sud, à part de ho très connus, les gens chantent les ly. Il s’agit des morceaux à rythmes variés. Il en existe environ 40 types: Ly con sao, ly giao duyen, ly cay bong, ly chuc ruou, ly chia tay …A cela s’ajoutent les berceuses très populaires elles – aussi.

Le hat xam (chant des aveugles) et hat chau van (accompagnant les offices médiumniques) sont aussi des types propres au pays.

Les ethnies minoritaires ont quant à eux leur musique. On peut citer Klêu des Hơrê, Anhông des Êđê, Mmun des Banar, A-Took des Giarai, Hát Khan des Êđê, Giarai, Xơrê, Hmon des Banar. La couleur religieuse ou rituelle est dominante mais il faut également constater des chansons d’amour ou des berceuses très agréables qu’elles pratiquent.

LES NOMS ET PRÉNOMS

Le nom complet d’un vietnamien se compose généralement de trois éléments : le nom de famille, le post-nom familier (ou prénom) et le mot ajouté (ou nom intercalaire)

Le nom de famille équivaut en général au nom du clan auquel l’individu appartient. Il existe au Vietnam plus de 200 noms de clan. La grande majorité des familles (85%, selon P.Gourou), portent les douze noms suivants : Nguyen, Tran, Le, Pham, Vu, Ngo, Do, Hoang, Dao, Dang, Duong et Dinh.

Ces derniers étaient autrefois les noms des grandes dynasties royales du Vietnam. A cette époque, les souverains avaient l’habitude de donner leur nom à tous ceux qui étaient à leur service. Les vietnamiens adoptent le patronyme non seulement en guide de soumission ou par crainte de représailles, mais aussi à titre honorifique, afin d’exprimer leur admiration et leur fidélité aux dirigeants. Le nom “Nguyen“, qui évoque la dernière dynastie royale du Vietnam (1802 au 1945), est donc le nom porté le plus par les vietnamiens (40%). Néanmoins, la majorité d’entre eux n’ont aucun lien de parenté.

Traditionnellement, tout enfant porte le nom de famille de son père. Mais à l’heure de l’égalité des sexes, plusieurs couples choisissent de donner leurs noms respectifs à l’enfant, le nom du père précédant le nom de la mère. Ainsi, nombreux sont ceux qui s’appellent « Tran Nguyen…. » ou « Pham Le ».

40% des vietnamiens portent “Nguyen” comme nom de la famille

Le post-nom familier (l’équivalent du prénom français) évoque, pour les femmes, des noms de fleuves, d’arbres, d’oiseaux, de saisons, de choses précieuses et, pour les hommes, des noms des vertus abstraites.

Exemples de post-noms féminins : Fleuve (Hà), Chrysanthème (Cúc), Rose (Hồng), Lys (Huệ), Saule (Liễu), Emeraude (Ngọc), Parfums (Hương), Automne (Thu). Exemples de post-noms masculins : Courage (Dũng), Puissance (Mạnh), Vertu (Đức), Modestie (Khiêm)…

Le mot ajouté sépare le nom de clan du post-nom personnel. Les deux noms intercalaires les plus utilisés sont Thi, pour les femmes, et Van, pour les hommes. A l’origine, Thi était un souhait de descendance nombreuse et Van un souhait de succès aux concours littéraires. Ces mots ajoutés ont actuellement tendance à disparaître.

Il existait une autre tendance crée à la même époque, lorsque la proportion de la mortalité infantile était très élevée, on concevait de donner aux enfants les noms les plus laids possibles pour que les démons ne veuillent pas les emporter en enfer.

De nos jours, les parents choisissent des jolis prénoms qui expriment leur rêve pour leurs enfants. Chaque prénom a une signification précise et résume le destin souhaité à leurs enfants.

LE THÉÂTRE

Le théâtre vietnamien classique comporte deux grands modes de présentation : le Tuong et le Cheo.

Le Tuong, qui signifie « attitude », « maintien », « manière d’être » est originaire de Hue, consiste à représenter par les chants d’une manière identique les faits et gestes des anciens pour les montrer au public et les donner en imitation.

Le Tuong choisit ses sujets dans l’antiquité ; il campe les caractères, fait vivre des personnages, reconstitue des événements des temps anciens. Il poursuit un but : instruire par le passé.

théatre au vietnamLes personnages du Tuong sont des rois, des généraux, des impératrices, des reines, des princesses ; les sujets sont tirés des histoires chinoises, des romans chinois, notamment de l’Histoire des Trois Royaumes. Délibérations, duels, guerres, assassinats sont parmi les péripéties les plus courantes. Des épisodes de l’Histoire du Vietnam comme celui des deux Sœurs Trung, celui de Tran Hung Dao, sont fréquemment représentés au théâtre classique, de meme que les grands romans en vers comme le Kim Van Kieu, le Thach Sanh, ou le Luc Van Tien. Les costumes sont splendides, les décors somptueux, les jeux de scène traditionnels. Les chanteurs et chanteuses, selon les épisodes, emploient le dialogue parlé ou le chant. Le chant est très varié. Il peut être triste, descriptif, narratif, rapide et vif ; il peut être le genre utilisé pour réciter une poésie, ou pour un exposé quelconque.

D’une manière générale, le genre Tuong est plus noble et plus rigoureux que le Cheo. Il était destiné aux classes sociales supérieures.

Le Cheo, selon certains auteurs, serait une déformation phonétique de Trao qui signifie « rire », « se moquer ». Le Cheo est dont la représentation comique des faits et personnages anciens, destinée à amuser le public et à l’instruire.

Malgré les ressemblances entre ces deux genres, le Cheo se distingue tout de même du Tuong sur plusieurs points : le chant du cheo est plus rapide, moins accentué et moins grave ; les personnages ne sont pas forcément rois et généraux ; les costumes sont plus réels, les décors simples. Ainsi, le Cheo peut se jouer dans la cour d’une maison communale par des chanteurs amateurs, sans avoir besoin de véritable scène de théâtre. Le Cheo est donc plus populaire, non seulement par ce qu’il est destiné principalement aux classes populaires, mais également par ce qu’il est souvent joué par celles-ci. De nombreux villages avaient leur propre groupe de chanteurs. Le rêve de bonheur du paysan se résumait ainsi : « Que l’on mange bien pour aller au lit. Que le bruit des tambours de Cheo sonne, et l’on aille le regarder le ventre plein».

De nos jours, le développement du cinéma, de la télévision et de la musique moderne menace ces modes théâtraux traditionnels, jugés par les jeunes comme démodés. Des efforts ont été entrepris par les pouvoirs publics en vue de sauver ces représentations culturelles en voie de disparition.

LE RÔLE POLITIQUE ET CULTUREL

Le village : lieu d’origine de la grande majorité des fonctionnaires.

Epoque féodale : recrutement des fonctionnaires par concours littéraire : chance aux villageois.

Epoque contemporaine : le communisme favorise l’accès des paysans à la fonction publique.

Les mandarins en retraite : points de liaison entre l’Etat et le village.